Découvrez Tromsø
La porte de l’Arctique
Nichée à 350 km au nord du Cercle polaire, entre fjords, montagnes et étendues sauvages, la rafraîchissante Tromsø est affectueusement surnommée « Capitale de l’Arctique ».
PAR MONIQUE CECCATO
Découvrez Tromsø
La porte de l’Arctique
Nichée à 350 km au nord du Cercle polaire, entre fjords, montagnes et étendues sauvages, la rafraîchissante Tromsø est affectueusement surnommée « Capitale de l’Arctique ».
PAR MONIQUE CECCATO
La première neige commence à tomber, déposant sur le centre-ville de Tromsø un voile voué à se transformer en manteau blanc. L’écharpe bien ajustée, nous levons la tête face aux éléments et continuons malgré tout sur Storgata, la rue piétonne principale de Tromsø. Il est hors de question de « fintrø », c’est-à-dire flâner tranquillement dans la rue aujourd’hui.

Tromsø, Norvège. Photo : Espen Mills
Devant nous, la tentation est trop forte. Nous repérons avec joie l'endroit où goûter un gløgg, vin chaud et épicé, et des saucisses de renne. Il n’en faut pas plus pour reporter provisoirement notre visite au musée polaire et nous entraîner vers les marches du minuscule Raketten Bar & Pølse. Ce kiosque se situe en bordure de Stortorget non loin d’autres boutiques habillées de bois et d’étals très fréquentés. D’une superficie d’à peine six mètres carrés, ce bar est réputé pour être le plus petit de Norvège, assez grand toutefois pour y caser un appareil à hot-dog, une marmite frémissante de vin chaud épicé et la vendeuse enjouée qui vend le tout moyennant quelques couronnes.

La rue principale colorée de Tromsø.

Du vin chaud et un hot-dog de renne ? Uniquement en Norvège…
Rakketen Bar & Pølse, le plus petit bar de Norvège.
Tromsø est la ville où est né Richard With, capitaine de navire et fondateur de Hurtigruten. La ville prend de l’ampleur à partir des années 1800 quand les expéditions de chasseurs arctiques en quête de phoques, de morses et d’ours polaires font étape à Tromsø depuis les lointaines terres du Groenland et de Russie parfois. Avec l’explosion de la chasse, le commerce s’épanouit, reposant toutefois sur la navigation pour relier les 1 255 km séparant Bergen au sud de Kirkenes au nord. L’itinéraire est peu fiable, ce qui amène Richard With à fonder Hurtigruten. Le voyage inaugural du DS Vesteraalen entre Trondheim et Hammerfest en 1893 marque le commencement du premier itinéraire de navigation régulier, et les débuts de l’entreprise de navigation et de croisière que nous connaissons aujourd’hui. La navigation et le commerce fondé sur la chasse continuent d’alimenter la ville, même s’il s’agit plutôt de chasser du cabillaud et du flétan aujourd’hui. L’été, il suffit de flairer l’air ambiant pour comprendre que le secteur de la pêche est florissant, avec la disposition le long du littoral de séchoirs géants en A où sèche la morue. Cependant, l’héritage du capitaine With se dénote partout, notamment par ces imposants navires de croisière amarrés au pied de notre hôtel situé au port.

Les toits enneigés de Tromsø, avec la montagne Tromsdalstinden visible à l’arrière-plan. Photo : Espen Mills.

Tromsø, Norvège.
Nous poursuivons notre mission et reprenons notre route sur Storgata pour rejoindre le musée Polarmuseet i Tromsø situé sur le front de mer, dépassant des rangées d’édifices historiques en bois. Laissant après nous la neige qui tombe avec plus d’ardeur, nous pénétrons dans ce musée pour y découvrir les histoires parfois horribles d’explorateurs parmi les plus grands de Norvège comme Roald Amundsen, Fridtjof Nansen et Wanny Woldstad. Le lendemain, la tête pleine de récits d’aventures, nous entrons dans le GPS une destination plus éloignée encore. Dans la lueur rose et ouatée du soleil de midi, nous empruntons Sandnessund, le pont en porte-à-faux qui permet de sortir de l’île. Au fil des routes sinueuses à flanc de fjords, admirant au passage les rennes broutant dans des champs gelés, nous entreprenons de rejoindre un minuscule groupement d’îlots, là où la Norvège se jette dans la mer.
« Lorsque nous arrivons en début d’après-midi, le ciel a encore sa couleur pastel. »
— Monique Ceccato
Suivre les routes bordant les fjords jusqu’à Sommarøy.
Les îles de Sommarøy sont dénuées de relief, à l’exception de Hillesøya, la plus éloignée de toutes. Nous passons d’île en île en suivant une route étroite à une seule voie, ralentissant pour ne rater aucun des points de vue s’offrant à nous. Même en plein hiver, lorsque l’archipel est privé de soleil, les eaux peu profondes et les baies autour des îles ressemblent à celles que vous trouveriez plus près de l'équateur, leur teinte turquoise, nous suppliant de revenir en été et de plonger nos orteils sous le soleil de minuit.

Cette région du monde offre un horizon à couper le souffle.

Un renne sous un ciel couleur pastel.
Sur le retour, à mi-chemin, nous faisons halte en un lieu fortement recommandé par un ami : Bryggejentene. Il s’agit d’un koselig (confortable) café, qui fait aussi boutique de souvenirs, dans une zone résidentielle sans prétention située au fond du vaste Ersfjord. Lorsque nous arrivons en début d’après-midi, le ciel a toujours sa couleur pastel. Blottis dans des fauteuils recouverts de renne avec une bière et un plateau de dégustation Norsk, nous nous perdons dans la contemplation du fjord et des montagnes poudrées de neige. Nous attendons la tombée de la nuit, bien au chaud dans le café. Le meilleur point de vue de Tromsø pour voir des Aurores Boréales se trouve non loin d’après les dires du barista. À 15 heures, les derniers rayons du soleil se sont déjà évanouis et il faut attendre 18 heures pour lui donner raison, avec l’irruption dans le ciel d’un éclatant ruban vert de lumière.

Les célèbres aurores boréales sont généralement visibles d’octobre à mars à Tromsø.
Lorsque les aurores boréales sont de faible intensité, il n’est pas rare de les prendre pour un brouillard laiteux et gris. Toutefois, le spectacle qui s’offre à nous ne laisse planer aucun doute. La tempête électromagnétique clignotante pare le ciel de teintes vertes et violettes, tirant même les locaux les plus blasés de Tromsø hors de chez eux pour admirer le spectacle. Nous sautons et hurlons sans quitter des yeux l’aurore boréale qui danse dans les cieux et le retour à l’hôtel se fait à contrecœur, quand la froideur mordante de l’air hivernal de Tromsø n’est plus tenable. Cela vient conclure avec brio notre virée à Tromsø, laissant à jamais imprimée dans notre esprit l’image d’une ville haute en couleur des confins septentrionaux de Norvège.